Ce salopard était entré pour faire son travail de tueur. Sans faire aucun bruit il s’était installé, élément invisible grâce à ses multiples travestis. Il ne savait pas, et pourtant c’était évident, que seule la mort le délivrerait lui comme son hôte. Pas question de prison, il se la construisait lui-même, pas question non plus de répit, ce n’était qu’un travail acharné, de tous les jours, qu’il s’était décidé à accomplir. Il serait d’ailleurs plus exact de dire qu’il avait été prédéterminé pour ce travail ou préprogrammé.
Il y allait sans état d’âme, sans vraiment conscience de ce qu’il se passait, de ce qui allait se passer. Il était là tenace, présent, tel un petit robot bien huilé, persuadé que pour vivre, il lui fallait détruire. En fait, il ne réfléchissait pas, il ne pensait même pas, dénué de tout sentiment, il vaquait à ces occupations sans se préoccuper de son avenir. Pour lui, pas question de meurtre, il fallait simplement vivre. Mais vivre n’est-ce pas tout simplement mourir ?
Le froid est arrivé, la neige a commencé à tomber doucement pour recouvrir routes et vallées, toits et trottoirs d’une nouvelle pellicule blanche. Épaisse, de plus en plus épaisse. Cet hiver là c’est plus de deux mètres cumulés qui seront déposé de début décembre au dernier week-end de mai. Même après quelques jours d’un presque beau temps, à l’arrivée du muguet.
Lieu sombre et froid. Bien loin des sapins des contes de Noël, ceux-là sont épais, lourds, noirs et immobiles. Aucune majesté ne les habite ; ils sont en rangs serrés les uns contre les autres, barrière infranchissable au regard, au bonheur, à la lumière. Ils attirent et conservent le froid. Ils tuent l’espoir aussi sûrement que n’importe quel haut mur. Quant à leur utilité… aucune idée. Terre désolée parsemée de quelques autochtones aussi sombres et froids que les sapins alentour. Terre désolante, porteuse de mort et d’affliction, comme d’autres (si peu) portent Joie et Bonheur.
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